LA RESILIENCE : OBJECTIF ou MANIPULATION?

Comment? vous n’êtes pas résilients?
Pendant 20 ans j’ai été ingénieur conseil en prévention des risques professionnels. Ma mission consistait à identifier les risques au travail (bruit, poussières, produits chimiques, …) et à chercher à supprimer ces risques. Aujourd’hui, je souffre d’une grave dissonance…je vous explique…
Les risques naturels, technologiques, terroristes,…semblent augmenter dramatiquement. Mais en face aucune politique sérieuse n’est mise en oeuvre pour les prévenir. Exemple : on demande aux soignants de travailler sans masque, on les applaudit à 20h en glorifiant leur sacrifice sous couvert de solidarité et “en même temps” on ferme des lits d’hôpital et on laisse les épidémies croître en subventionnant les fermes industrielles dont on sait qu’elles sont
les causes des zoonoses donc des épidémies chez les humains.
La sémantique officielle est bien rôdée maintenant : on emprunte aux physiciens le mot résilience (capacité d’un corps à absorber un choc) et on se l’applique : vous êtes un bon citoyen si vous résistez au choc, si vous vous conformez à la perte de liberté et de confort de base (coupure d’électricité cet hiver). Cette
résilience détourne le regard de l’inaction politique depuis des décennies: nous avions de belles centrales nucléaires qui nous rendaient fiers de ne dépendre de personne et elles sont toutes à l’arrêt en même temps ? nous prendrait-on pour des veaux ? La résilience devient un moyen très pratique pour
nos décideurs de s’adapter aux crises à venir. “Adapte-toi individuellement en vivant avec le désastre, sacrifie ton confort et ta vie, dépasse ta peur”. [Pendant ce temps là, je peux continuer à m’enrichir et à polluer…cf la réouverture de la centrale à charbon de St Avold !]
J’en dissone encore, moi l’écolo qui prône la résilience à chaque discussion sur l’avenir sombre de notre monde.
Thierry Ribault énonce que “la résilience permet au pouvoir politique
de nous faire consentir à la technologie (nucléaire, vaccin) par la technologie”.

Bref détour par la psychologie : le chercheur Richard Davidson parle des émotions en identifiant 6 dimensions qui définissent un style émotionnel [Les profils émotionnels, édition les arènes,2018] dont la “résilience”, qui est notre capacité à récupérer face à un défi émotionnel, un échec, une difficulté. Chacun ayant un rythme de récupération qui lui est propre. Une deuxième dimension complète la résilience, celle de la “perspective” qui mesure notre capacité à conserver une bonne dose d’énergie même face à l’adversité (tendance “positif”) ou au contraire à devenir cynique, pessimiste (tendance “négatif”).
Dans une perspective plus écologique, la résilience est la capacité d’un système à
conserver ou retrouver rapidement sa stabilité, son homéostasie, à s’autoréguler. La résilience émerge alors spontanément lorsque le système est soutenable et suffisamment diversifié. Ainsi, un élément du système remplit plusieurs fonctions qui sont elles- mêmes soutenues par d’autres éléments. Au regard de ces éclairages, est-ce de la résilience de demander à l’individu d’amortir un choc construit politiquement, par la privation ? Mais alors comment surmonter les
effondrements en cours (chute vertigineuse de la biodiversité, chute des endements agricoles, destruction des écosystèmes nécessaires à la vie sur Terre,…)?
En construisant un système résilient !
-Individuellement, par un travail sur soi
pour sortir de notre “technococon” (notion empruntée à Damasio), pour
appréhender sans peur l’immense mur qui se dresse face à nous, tellement
immense qu’il en devient inconcevable.
– Collectivement, en se reliant entre vivants pour créer des réseaux d’entraide, de réappropriation des savoirs et des communs (eau, santé, graines, logements, éducation…), dans une créativité joyeuse !
Et vous, comment cultivez-vous votre résilience ?

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