Je vous partage des réflexions sur un ouvrage
incroyable: « Les cellules buissonnières » de Lise
Barnéoud. Il traite du microchimérisme, ces
cellules d’autrui (de notre famille, conjoint,…,
étrangères, a priori), qui constituent tout ou partie
d’un ou de plusieurs de nos organes.
Les scientifiques ont découvert que les cellules
foetales se baladent dans le coeur de la mère et
que des cellules maternelles se retrouvent dans le
foetus. Des cellules de la grand-mère ont été
retrouvées (via le corps de la mère) dans le corps
de nouveau-nés ou encore des cellules des frères
et soeurs aîné(e)s qui circulent chez le benjamin
de la fratrie ! Ce livre m’a sidéré par la diversité
des situations où des cellules d’un ADN différent
cohabitent pour le meilleur souvent (guérison),
mais parfois pour le pire, au plus profond de notre
corps.
Viennent alors les questions de « qui nous sommes
vraiment ? et d’où venons-nous? » avec les 2 kilos
de bactéries qui contribuent à notre microbiote
intestinal, des champignons, des virus, des
levures…et les organes que certaines personnes
reçoivent en greffe, comment alors peut-on
définir un « soi »?
J’aime abandonner l’idée d’un corps-forteresse
assiégé par des hordes de créatures
microscopiques dont il faut se défendre en les
tuant ou les extirpant de nous. A l’inverse, j’aime
l’idée d’un système vivant ouvert, accueillant en
lui de multiples formes de vie pour en faire un
système plus adapté. Les arbres sont très
inspirants sur ce point : ils abritent comme nous
des multitudes d’organismes (champignons,
lichens, insectes,…) et fonctionnent dans un
système de don/contre-don qui est puissamment
gagnant-gagnant. Je vous conseille sur ce thème
passionnant l’ouvrage « la vie secrète des arbres »
de Peter Wohlleben, qui existe aussi en BD (voir
rubrique suivante).
Mais si autrui est en chacun de nous, comment
parler de nos « propres » cellules? Peut-on parler de
soi et de non-soi lorsque les deux s’entremêlent si
étroitement? La dualité avec autrui fabrique
certainement notre « unité » plurielle…
L’autre idée qui me plait dans ces études est la
notion d’interdépendance. Notre monde
matérialiste et son technococon, avec ses valeurs
totalement inversées, nous fait oublier notre
hyper-dépendance aux autres êtres humains; il
nous fait également oublier combien notre propre
corps (et notre survie) est dépendant des non-
humains !
Enfin, cette réflexion me rappelle chaque jour le
miracle de la vie et me rend plus humble dans la
place que je pense occuper dans le monde du
vivant: un élément parmi des milliards d’autres…
Et vous quelle chimère êtes-vous… ?
Gérard Moreau
Thérapies Brèves et Hypnose
Gérard Moreau
Thérapies Brèves et Hypnose