COOPERATION ET ENTRAIDE, EN TEMPS DE CRISE MAJEURE, unE utopie?

La grande majorité des films et séries d’anticipation que j’ai pu visionner ces dernières années prévoient une grande violence entre humains en cas de crise majeure ou d’effondrement de notre civilisation. La loi du plus fort se déploierait sans pitié.

Et si l’homme n’était pas un loup pour l’homme ?

D’autres voix prédisent heureusement le contraire…

L’anarchiste et naturaliste russe Pierre Kropotkine, à l’inverse de son célèbre confrère Charles Darwin, nous dit que la « loi du plus fort » n’est PAS le facteur d’évolution. Bien au contraire ! 

Dans son livre  « Entraide », Kropotkine étaye ses propos avec de nombreux exemples : des fourmis qui partagent la nourriture à demi digérée à tout membre qui en fait la demande ; des chevaux qui, pendant le blizzard, se collent les uns aux autres pour se protéger du froid ; des pélicans qui, chaque jour, parcourent 45 km pour aller nourrir un des leurs aveugle ; des abeilles qui, grâce au travail en commun, « multiplient leurs forces individuelles [et…] parviennent à un niveau de bien-être et de sécurité qu’aucun animal isolé ne peut atteindre ».

Nous, Humains, partant de la théorie (fausse) de la nécessité de la compétition pour l’évolution, avons alors décidé d’en faire une loi naturelle ; justifiant ainsi l’existence des inégalités et la légitimité du pillage des ressources….. 

Kropotkine décrit aussi une autre histoire de l’humanité, pas celle apprise à l’école, mais celles des femmes et des hommes, paysans, nomades, prolétaires, qui se sont regroupés et ont toujours coopéré pour faire face et rester vivants face à l’adversité ; comme ces chevaux, ces pélicans etc…. 

Un milieu hostile nous mènerait donc à plus de coopération ! Et ce sont les contraintes, et nos faibles défenses individuelles (pas ou peu de poil, pas de griffes, des dents riquiqui…) qui font de nous l’espèce la plus coopérative du Vivant. 

Le chercheur Pablo Servigne confirme que dans de nombreux cas, la coopération entre individus peut fournir des avantages mutuels tels que la protection, l’accès à la nourriture et à d’autres ressources, la reproduction et la survie à long terme. Ceux qui survivent ne sont pas les plus forts mais ceux qui coopèrent. Dans le monde de l’entreprise on parle même de “coopétition” pour nommer ces formes de coopération qui rendent plus compétitifs !

Au moment où nous vivons des tensions très fortes en  France, où la loi du plus fort semble triompher et où les “faibles doivent disparaitre” au profit des riches et des puissants, j’ai la croyance que les pénuries, la pauvreté, le froid (ou le chaud!), les difficultés de déplacement,..sont en train de créer l’entraide entre les individus. Pablo Servigne indique qu’une fois l’entraide installée, la proximité génétique apparait alors qu’on pensait, tout l’inverse, que c’était la proximité génétique (les membres d’une famille par exemple) qui favorise l’entraide !

Je vous invite à regarder cette video https://www.youmanity.org/cooperation-et-competition-deux-forces-en-equilibre/ et notamment le passage sur une étude universitaire concernant la productivité des poules pondeuses. Le résultat est surprenant et contre-intuitif : les meilleures poules pondeuses sélectionnées et regroupées ont au final moins pondu qu’un ensemble homogène de poules qui pondent peu et ont passé beaucoup de temps ensemble !

La « loi de la jungle » et cette idée que le vivant, dont l’être humain, est naturellement égoïste a permis de justifier un ordre social inégalitaire, dévoué à la quête de pouvoir et de richesses matérielles. 

Déjouer ce narratif socialement construit et aller vers les autres, demande du courage et de la patience. La coopération mène à un double accomplissement, explique Matthieu Ricard, du bien d’autrui et du sien propre. 

En ces temps difficiles, re-créons du lien partout où cela est possible, probablement le seul chemin pour remettre les pied sur Terre (et peut-être d’abord avec nos voisins ????)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *